La création de sens se compose de six éléments clés : l’écosystème de l’information, l’environnement naturel et bâti, les institutions, la culture, les corps qui sentent, ressentent et pensent et les modèles mentaux. Chaque élément a une fonction distincte qui est essentielle aux processus que les personnes et les groupes utilisent pour recueillir et interpréter des informations, créer du sens, prendre des décisions et agir. Bien que distincts, ils sont liés les uns aux autres dans une relation dynamique qui évolue à mesure que le monde change. Cela signifie que les changements importants qui se produisent dans un élément de la création de sens se répercutent inévitablement sur d’autres, avec des résultats souvent surprenants.
L’écosystème de l’information
Les structures et les espaces où nous trouvons et utilisons l’information. Certaines informations sont brutes et d’autres, très raffinées. Cet écosystème comprend des sources d’information traditionnelles, telles que les médias, les films et les conversations quotidiennes. Cependant, il est de plus en plus dominé par des interfaces et des expériences numériques, telles que les réseaux sociaux, les jeux en ligne et les services de diffusion en continu. Aujourd’hui, malgré un accès sans précédent à l’information, les technologies numériques dominantes influencent les informations auxquelles nous sommes exposés et peuvent interférer avec notre capacité à les traiter et à les valider. Une culture numérique limitée signifie que le fonctionnement de certaines technologies (par exemple, l’intelligence artificielle et Adtech[i] ou technologie publicitaire) qui façonnent nos expériences demeure opaque et mystérieux pour la plupart d’entre nous.
L’environnement naturel et bâti
Les environnements physiques qui façonnent directement et indirectement notre perception du monde. Nos sens, nos émotions et notre cognition interagissent avec nos contextes physiques d’une manière qui affecte notre expérience du monde. Cela inclut les environnements bâtis, tels que les édifices publics et privés, les espaces verts urbains et les quartiers. Il s’agit également des environnements naturels – tels que les parcs et les espaces sauvages – et des infrastructures, telles que les transports, les réseaux électriques et de fibres optiques, qui déterminent la manière dont nous accédons aux informations et les traitons.
Les institutions
Organisations qui produisent et distribuent des connaissances dans le cadre de leur mission principale. Les institutions prennent diverses formes et influencent la création de sens de différentes manières. Elles partagent toutes un certain degré d’autorité qui découle de leurs qualités inhérentes, telles que la tradition, la réputation, la richesse ou l’âge. Une institution produit et distribue généralement des connaissances, tout en défendant une manière particulière de comprendre le monde. Les médias traditionnels, les religions, les gouvernements et les universités en sont des exemples familiers. De nouvelles entités, telles que les plateformes technologiques et les sites web, assument le rôle d’institutions productrices de sens – ce sont les nouvelles bibliothèques, archives et maisons d’édition.
La culture
Les pratiques, les coutumes et les créations matérielles partagées par un groupe ou une société particulière. La culture comprend les pratiques, les activités et les cérémonies communes, et constitue un facteur déterminant de la création de sens. Son rôle est double. Premièrement, en tant que contexte dans lequel nous grandissons, elle établit une base d’hypothèses et d’attentes, y compris des normes pour comprendre notre monde. Cela contribue à perpétuer les préjugés inconscients à travers les générations. Deuxièmement, la culture façonne les informations auxquelles nous sommes exposés. Certaines cultures transmettent des récits par la parole, d’autres préfèrent l’écrit, la danse ou les médias visuels. Chacun de ces médias possède un « langage » unique, dont les règles façonnent l’information brute pour lui donner un sens.
Les corps qui sentent, ressentent et pensent
Les systèmes internes par lesquels les êtres humains filtrent l’information et les expériences. On pourrait s’attendre à ce que nos sens, nos processus cognitifs et émotionnels soient parfaitement adaptés aux écosystèmes d’information que nous créons. Ce n’est pas toujours le cas. Beaucoup de biais cognitifs et de facteurs émotionnels peuvent contrecarrer nos tentatives d’être rationnels. De plus, certains aspects de l’écosystème d’information actuel sont conçus à la fois pour exploiter et confondre nos capacités biologiques par le biais de la dépendance artificielle, de la surcharge d’informations et de l’activation émotionnelle, ou provocation.
Les modèles mentaux
Cadres qui aident les gens à comprendre des concepts et des systèmes complexes. Les modèles mentaux comprennent à la fois des concepts (par exemple, la nation, le genre, le capitalisme) et des normes de connaissance (par exemple, l’humanisme, la méthode scientifique, Les Connaissances Autochtones[ii]). La plupart d’entre nous ont probablement intériorisé des centaines de modèles mentaux automatiques, qui opèrent de façon inconsciente. Certains de ces paradigmes sont robustes, d’autres sont bancals ou en contradiction. En règle générale, les modèles mentaux fonctionnent comme des « raccourcis » de compréhension, qui nous aident à faire face à des circonstances incertaines ou très complexes.
References
[i] Elizabeth A. Watkins, « Guide to advertising technology, » Center for Digital Journalism, dernière modification le 4 décembre 4 2019, https://www.cjr.org/tow_center_reports/the-guide-to-advertising-technology.php.
[ii] Nous utilisons ici le terme « Autochtones » pour désigner les Premières nations, les Inuits et les Métis. En même temps, nous reconnaissons que chacun de ces groupes est culturellement, linguistiquement, géographiquement et socialement diversifié.