L’enjeu : il pourrait être encore plus important à l’avenir de trouver un équilibre entre les avantages de la révolution de l’information numérique et la sécurité des espaces et des expériences numériques.
L’émergence de nouveaux espaces numériques pourrait donner lieu à des formes plus puissantes de désinformation et à des méthodes de distribution plus efficaces.
Les progrès continus du traitement du langage naturel, l’IA générative et des technologies d’hypertrucages alimentés par l’intelligence artificielle, associés à l’arrivée des métavers, pourraient donner lieu à de nouvelles formes de désinformation de plus en plus persuasives. Par exemple, la lumière et le son dans ces espaces pourraient être réglés de façon à influencer l’état émotionnel des personnes qui s’y trouvent et les rendre plus vulnérables à la désinformation. Ces espaces pourraient également être remplis d’artefacts numériques tels que des publicités holographiques ou des mèmes en 3D conçus pour véhiculer la désinformation. Les acteurs de la désinformation, cachés derrière des avatars, pourraient se déplacer librement dans les espaces virtuels ou augmentés et diffuser de fausses informations par le biais d’interactions personnelles. Par conséquent, les solutions techniques actuelles de lutte contre la désinformation pourraient bientôt s’avérer obsolètes. Une désinformation rampante pourrait également limiter le potentiel de ces espaces à soutenir l’innovation et à améliorer l’accès aux expériences et aux connaissances.
À mesure que l’écosystème numérique de l’information s’ouvre à toutes sortes d’opportunités, leur accès pourrait devenir un droit fondamental.
Les métavers émergents pourraient devenir les principaux lieux d’activités informationnelles telles que l’acquisition et la distribution de connaissances, les discours politiques et les interventions artistiques. L’inégalité d’accès à la meilleure version de l’Internet pourrait ainsi devenir un problème encore plus grave. La perte d’opportunités causée par le manque d’accès aux connexions à haut débit, aux appareils et même à certaines plateformes pourrait mener à des contestations importantes à l’encontre des géants des télécommunications, des grandes entreprises technologiques et des pouvoirs publics. Cela pourrait être particulièrement vrai pour les habitants des zones rurales et reculées où la bande passante est insuffisante, et pour celles et ceux dont la situation économique limite l’accès à l’Internet. Au-delà de la diminution de la confiance dans les gouvernements et les entreprises, ces circonstances pourraient également remettre en cause la cohésion sociale. Les expériences des nantis et des démunis du numérique pourraient se traduire par des courants divergents, l’un intégrant les espaces numériques et l’autre largement limité au « monde réel ». Par conséquent, le plein accès à cette nouvelle version de l’Internet pourrait bien être un droit fondamental. Dans ce cas, les gouvernements pourraient voir leur zone de responsabilité s’étendre considérablement dans l’esprit du public.