L’enjeu : l’adoption de nouvelles mesures et de nouveaux modèles économiques pourrait apporter de nombreux avantages en termes de durabilité et de justice sociale. Mais si cette adoption est inégale, les principaux acteurs économiques pourraient avoir du mal à coordonner efficacement leurs actions.
À mesure que des indices économiques alternatifs, tels que l’indice du bonheur, gagnent du terrain, les calculs économiques et les priorités des individus, des entreprises et des gouvernements pourraient changer.
De nouvelles mesures économiques, telles que l’indice du bonheur, et de nouveaux modèles, tels que l’économie à croissance zéro, gagnent en popularité. D’une part, cela pourrait entraîner des changements dans les habitudes de consommation et d’investissement qui renforcent la durabilité et la justice sociale. Des améliorations de l’équité en matière d’emploi, des conditions de travail et de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée pourraient suivre. Il en va de même d’une éthique de la consommation consciencieuse qui soutient les entreprises durables et éthiques, incite les gens à penser à long terme ou les encourage à préférer les biens numériques aux biens matériels. D’autre part, une adoption inégale de ces nouveaux paradigmes pourrait être source de confusion, en perturbant les cadres communs qui ont soutenu la planification et la coopération économiques aux niveaux national et international. De même, des changements majeurs dans le comportement économique des individus à la suite de l’adoption de ces nouveaux modèles pourraient avoir une série de conséquences négatives. Par exemple, le rejet généralisé des biens matériels et des expériences de la vie réelle au profit d’alternatives numériques pourrait provoquer des contractions massives dans les secteurs de la fabrication, du transport, du tourisme et du commerce de détail.
Les métavers pourraient devenir des moteurs de croissance s’ils deviennent des sites d’activité économique populaires, mais d’autres secteurs économiques pourraient en pâtir, tout comme la capacité des gouvernements à taxer certains types d’actifs.
Le transfert des dépenses de loisirs des espaces « réels » vers les espaces numériques est manifeste depuis un certain temps. Les plateformes de jeux vidéo s’ouvrent à d’autres formes de divertissement, comme les films et les concerts. Un transfert similaire des investissements dans des actifs réels vers des actifs numériques est également en cours, comme le montre l’explosion largement médiatisée de l’art numérique et de l’immobilier virtuel. Ces tendances pourraient s’accélérer à mesure que les gens passent plus de temps dans les métavers. En conséquence, ces espaces pourraient bientôt devenir d’importants moteurs de croissance. Cela dit, ils pourraient aussi aspirer beaucoup de capitaux de l’économie « réelle », ce qui aurait des répercussions sur de nombreux secteurs. Le marché de l’immobilier, qui est de plus en plus hors de portée pour de nombreuses personnes au Canada, pourrait être particulièrement touché. Si un grand nombre de personnes se tournent vers l’immobilier numérique comme alternative, la valeur de l’immobilier physique pourrait diminuer, et avec elle la richesse de nombreux ménages. De plus, si ces métavers sont contrôlés par des entités étrangères, ils pourraient ne pas être soumis aux conventions fiscales ni à la réglementation financière du Canada.