Implications: Culture

L’enjeu : L’évolution des conditions sociales et technologiques pourrait nécessiter des changements dans les expressions culturelles, les institutions et les mécanismes de financement qui soutiennent l’identité et l’attachement nationaux.

Comme les nouveaux médias numériques offrent davantage de possibilités d’entendre des voix diverses, les récits qui soutiennent une identité nationale plus inclusive peuvent devenir plus importants.

L’élargissement de l’accès aux outils de narration numérique, avec leur potentiel de partage à grande échelle, pourrait réduire davantage l’influence des acteurs traditionnels, comme les réseaux de radiodiffusion, les sociétés de production ou les éditeurs. Un chœur de nouvelles voix et leurs nouveaux récits pourraient offrir de nouveaux points de vue sur le passé, le présent et l’avenir du Canada. Cela pourrait permettre à certains de se sentir plus facilement attachés au Canada, surtout si ces récits sont véhiculés par des médias plus puissants et plus faciles à distribuer. Pour d’autres, cela pourrait être ressenti comme un démantèlement chaotique de symboles et de traditions qui sont au cœur de leur identité. On pourrait assister à une « guerre des récits » dans les méta-espaces. Toutefois, avec le temps, un tel conflit pourrait ouvrir un espace pour construire de nouveaux symboles et récits nationaux plus inclusifs.

Les nouveaux espaces numériques devenant des lieux de plus en plus importants pour la création, la consommation et le partage d’œuvres d’art, les expressions culturelles distinctement canadiennes pourraient soit se perdre dans le bruit, soit atteindre de nouveaux publics importants.

La génération Z considère déjà les jeux en ligne comme leur forme de divertissement préférée.[i] À l’avenir, ces espaces pourraient devenir les principaux lieux où les gens créent de la culture, apprennent l’histoire, rencontrent l’art et vivent des expériences spirituelles. De nouvelles formes d’expression culturelle et de nouvelles façons de vivre la culture dans ces espaces pourraient élargir la portée du contenu canadien. Les minutes du patrimoine, qu’elles soient officielles ou non, pourraient devenir des expériences immersives qui renforcent l’identité commune ou la déstabilisent. Des valeurs comme le multiculturalisme pourraient être soutenues en assistant à un Carnaval de Québec virtuel dans le métavers, ou remises en question par des groupes utilisant des jeux vidéo pour promouvoir un programme ethnonationaliste. En même temps, ces espaces peuvent fonctionner d’une manière qui encode les préjugés et les valeurs de leurs créateurs et de leurs propriétaires. L’accès à de nouveaux outils de création et de distribution puissants pourrait ne pas être équitable. Les communautés marginalisées pourraient se retrouver une fois de plus sur la touche. Il pourrait en être de même pour pratiquement tous les Canadiens si ces espaces sont exclusivement détenus et contrôlés par des instances étrangères.

Au fur et à mesure que les cultures non occidentales gagnent en influence, les systèmes de valeurs traditionnels pourraient évoluer, notamment les points de vue sur les différents modèles d’organisation sociale et économique.

Les personnes vivant dans le Nord global ont plus que jamais accès à des contenus culturels crées dans le Sud global tels que des émissions de télévision, de la musique et des jeux en ligne.. Ils sont ainsi exposés à de nouvelles idées et valeurs, dont certaines sont manifestes et frappantes et d’autres sont plus subtilement intégrées au contenu. À mesure que la popularité des jeux et autres espaces numériques encodés avec des idées et des valeurs différentes augmente, la compréhension interculturelle à l’intérieur et au-delà des frontières nationales pourrait s’accroître. La popularité des récits alternatifs et des formes d’expression non occidentales, en particulier chez les jeunes, peut faire évoluer les opinions sur les concepts fondamentaux. Par exemple, la préférence pour les modèles individualistes ou collectivistes d’organisation politique et économique pourrait changer. Ces changements pourraient amener certains à attendre davantage du gouvernement et d’autres à en attendre moins, ce qui compliquerait la gestion du contrat social.