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Vies futures : Les besoins fondamentaux en danger

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Que se passerait-il si de nombreuses personnes au Canada ne pouvaient pas subvenir à leurs besoins fondamentaux?

AVERTISSEMENT
Horizons de politiques Canada (Horizons de politiques) est le centre d’excellence en prospective du gouvernement du Canada. Notre mandat est de doter le gouvernement du Canada d’une perspective et d’un état d’esprit tournés vers l’avenir afin de renforcer la prise de décisions. Le contenu de ce document ne représente pas nécessairement le point de vue du gouvernement du Canada ou des agences et ministères participants.

Cette note de prospective examine comment, dans les années à venir, de nombreuses personnes au Canada pourraient avoir du mal à satisfaire leurs besoins fondamentaux.

L’accès aux produits de nécessités de base tels que l’eau, la nourriture, l’énergie, le logement, la sécurité financière et l’emploi pourrait devenir hors de portée pour plusieurs. Ces pressions peuvent se produire simultanément, aggravant le sentiment d’insécurité tout au long de la vie.

Un tel avenir aurait des implications dans de multiples domaines politiques. En réfléchissant à ce qui pourrait arriver dans l’avenir, Horizons de politiques Canada vise à renforcer la prise de décision au sein du gouvernement du Canada.

Résumé

Dans les années 1940, le psychologue Abraham Maslow a proposé une hiérarchie des besoins humains. Ce n’est que lorsque nos besoins les plus fondamentaux sont satisfaits que nous pouvons répondre à des besoins d’ordre supérieur, tels que le sentiment d’appartenance, l’estime de soi et la réalisation de soi.

Aujourd’hui, de nombreuses sociétés fonctionnent en partant du principe que la plupart des gens peuvent satisfaire leurs besoins fondamentaux. Il s’agit de besoins physiologiques, tels que la nourriture et le logement, et de besoins de sécurité, tels que l’emploi et la sécurité financière.

Il est difficile de savoir si la récente flambée du coût des besoins fondamentaux sera de courte durée ou si l’inflation et les prix élevés perdureront et s’aggraveront. Des forces telles que les changements climatiques et l’innovation technologique peuvent compliquer la reprise si le Canada connaît un ralentissement économique. Le Canada pourrait-il envisager un avenir dans lequel de nombreuses personnes ne pourraient pas satisfaire leurs besoins physiologiques et de sécurité fondamentaux?

Bien que cela puisse paraître impensable, dans les années à venir, une proportion importante de personnes au Canada pourrait avoir du mal à accéder aux produits de première nécessité comme :

  • L’eau : Quoique le Canada dispose d’une abondance relative d’eau douce, les infrastructures permettant de fournir de l’eau propre à un prix abordable aux communautés ne sont pas toujours adéquates. Partout dans le monde, la hausse des températures et la croissance démographique augmentent la demande d’eau douce pour divers usages. L’eau devient une ressource d’importance stratégique, ce qui peut contribuer aux tensions géopolitiques. La demande croissante de ressources en eau douce pourrait rendre l’accès à l’eau propre encore plus difficile dans de nombreuses régions du Canada.
  • La nourriture : Le rendement des cultures est de plus en plus imprévisible en raison des changements climatiques. Le prix et la disponibilité des importations de denrées alimentaires sont également volatiles. La croissance démographique pourrait accroître l’insécurité alimentaire au Canada dans les années à venir, en touchant une partie beaucoup plus importante de la population. Les innovations technologiques agricoles pourraient renforcer la position dominante des grandes entreprises sur le marché, ce qui donnerait à quelques grands acteurs la capacité de faire grimper les prix.
  • L’énergie : Le coût de l’énergie a récemment atteint des sommets dans le monde entier. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a renforcé la pression à la hausse sur les prix exercée depuis des décennies par les oligopoles des combustibles fossiles. La transition en cours des combustibles fossiles vers les sources renouvelables pourrait déstabiliser davantage les prix et l’offre. L’énergie étant un facteur important dans les coûts des aliments et du transport, de futures perturbations du marché de l’énergie pourraient faire grimper les coûts et limiter l’accès à toute une série de produits de première nécessité.
  • Le logement : La demande de logements continue de dépasser l’offre dans les villes canadiennes. L’accession à la propriété est hors de portée pour de nombreuses personnes, le coût de la location augmente rapidement et la construction de nouveaux logements risque de ne pas répondre à la question de l’abordabilité. L’accès au logement pourrait devenir encore plus difficile à l’avenir si les changements climatiques détruisent certaines maisons existantes et rendent d’autres maisons impossibles à assurer et à financer.
  • La sécurité financière et l’emploi : La grande majorité des Canadiens ont subi une baisse de salaire en termes réels, les salaires ne parvenant pas à suivre le rythme de l’inflation. Les tendances persistantes à l’automatisation et à la mondialisation font qu’il est plus difficile de trouver des emplois avec des horaires ou des salaires prévisibles, ou d’anticiper le rendement du capital investi dans la requalification et la formation. La baisse du pouvoir d’achat pourrait empêcher les Canadiens de satisfaire leurs besoins fondamentaux aujourd’hui et d’épargner pour leurs besoins futurs.

Ces pressions ne se produisent pas de manière isolée. Elles peuvent se produire simultanément, aggravant le sentiment d’insécurité tout au long du parcours de vie. Cela pourrait rendre les gens plus vulnérables aux dirigeants et groupes extrémistes, populistes et contestataires. Les gens pourraient également rechercher des solutions collectives, telles que le syndicat de salariés et d’autres mouvements sociaux.

Cet avenir n’est pas garanti. Par exemple, des pénuries persistantes de main-d’œuvre pourraient entraîner une croissance des salaires, les progrès technologiques pourraient réduire les coûts de certains biens et services, et l’hypothèse selon laquelle les besoins fondamentaux de la plupart des gens sont généralement satisfaits pourrait bien continuer à s’appliquer. Cependant, cet avenir est plausible et les conséquences pourraient être désastreuses si de nombreuses personnes peinent à satisfaire leurs besoins fondamentaux. Ne pas tenir compte d’un tel scénario pourrait constituer un risque dans un certain nombre de domaines politiques.

Introduction

Dans les années 1940, le psychologue Abraham Maslow a proposé une hiérarchie des besoins humains. Ce concept reste influent aujourd’hui et nous rappelle que les personnes ont tendance à donner la priorité à certains besoins plutôt qu’à d’autres. Ce n’est que lorsque nos besoins les plus fondamentaux sont satisfaits que nous pouvons répondre à des besoins d’ordre supérieur, tels que le sentiment d’appartenance, l’estime de soi et la réalisation de soi.

Aujourd’hui, de nombreuses sociétés fonctionnent en partant du principe que la plupart des gens peuvent satisfaire leurs besoins fondamentaux. Il s’agit de besoins physiologiques, tels que la nourriture et le logement, et de besoins de sécurité, tels que l’emploi et la sécurité financière. Mais que se passe-t-il si cette hypothèse ne se vérifie plus?

Il est difficile de savoir si la récente flambée du coût des besoins fondamentaux sera de courte durée ou si l’inflation et les prix élevés perdureront et s’aggraveront. Des forces telles que les changements climatiques et l’innovation technologique peuvent compliquer la reprise si le Canada connaît un ralentissement économique. Les leviers économiques traditionnels tels que les taux d’intérêt pourraient ne plus fonctionner comme avant dans un contexte de plus en plus turbulent et incertain.

Le Canada pourrait-il envisager un avenir dans lequel de nombreuses personnes ne pourraient pas satisfaire leurs besoins physiologiques et de sécurité fondamentaux?

Cela peut paraître impensable, mais dans les années à venir, une proportion importante de la population du Canada pourrait avoir du mal à accéder à des produits de première nécessité comme l’eau, la nourriture, l’énergie, le logement, ainsi qu’à un sentiment de sécurité financière et à l’emploi.

L’eau

Le Canada dispose d’une quantité importante d’eau douce. En fait, le Canada exporte de l’eau sous la forme de biens dont la production nécessite de l’eau, comme le pétrole, la viande bovine, le bitume transformé et les produits manufacturés. Par exemple, dans les sables bitumineux de l’Alberta, la production d’un seul baril de pétrole nécessite entre 2,5 et 4 barils d’eau.

Certaines régions du pays peuvent avoir un faux sentiment de sécurité en ce qui concerne leur approvisionnement en eau. Bien que l’eau douce du Canada réponde à des besoins écologiques, il existe une capacité étonnamment faible pour dérouter davantage d’eau vers l’utilisation humaine. Une grande partie de l’eau du Canada afflue vers le nord, alors que la population est concentrée dans le sud.

Même lorsque les réserves d’eau sont abondantes, les infrastructures permettant de fournir de l’eau propre à un prix abordable aux communautés ne sont pas toujours adéquates. Plus de 30 communautés des Premières Nations font l’objet d’avis concernant la qualité de l’eau potable depuis de nombreuses années.

Partout dans le monde, la hausse des températures et la croissance démographique augmentent la demande d’eau douce pour divers usages. L’eau devient une ressource d’importance stratégique, ce qui peut contribuer aux tensions géopolitiques. Une étude des conflits historiques liés à l’accès à l’eau estime que la hausse des températures et la croissance démographique pourraient accroître le risque de conflits transfrontaliers de 75 % à 95 % au cours des 50 à 100 prochaines années.

La demande croissante de ressources en eau douce pourrait rendre l’accès à l’eau propre encore plus difficile dans de nombreuses régions du Canada.

La nourriture

Le rendement des cultures devient de plus en plus imprévisible en raison des effets des changements climatiques sur les conditions météorologiques, la faune et les écosystèmes. Les communautés nordiques et autochtones ont été les plus durement touchées jusqu’à présent en termes de production alimentaire intérieure, la hausse des températures menaçant les méthodes traditionnelles de chasse et de récolte.

Le Canada reste très dépendant des importations de denrées alimentaires. Les mauvaises récoltes liées aux changements climatiques dans d’autres pays déstabilisent les prix et la disponibilité des denrées alimentaires à l’échelle locale. Par exemple, le Canada dépense chaque année environ un demi-milliard de dollars pour importer de la laitue américaine; en 2022, un virus lié à des températures élevées a nui à la production de laitue romaine en Californie, augmentant de 40 % le prix de détail moyen d’une tête de laitue.

La croissance démographique pourrait accroître l’insécurité alimentaire au Canada dans les années à venir, en touchant une partie beaucoup plus importante de la population.

Les innovations technologiques agricoles telles que les drones, les technologies de précision, les organismes génétiquement modifiés (OGM), l’agriculture numérique et les technologies d’agriculture verticale pourraient permettre au Canada de cultiver davantage de fruits et de légumes sur son territoire. D’un autre côté, ces innovations pourraient se traduire par des barrières à l’entrée plus élevées pour les petits producteurs de denrées alimentaires, renforçant ainsi la position dominante des grandes entreprises sur le marché.

Par exemple, la production de canola dépend actuellement de deux fournisseurs de semences d’OGM; quatre entreprises réalisent 66 % de la transformation des produits laitiers; quatre détaillants contrôlent 69 % du marché de la vente au détail de produits alimentaires; et quatre entreprises représentent plus de 40 % des marchés des céréales, des oléagineux, du sucre, de la viande et des conserves de fruits et de légumes.

Un petit nombre d’entreprises dominent le marché. Si cette tendance se poursuit, nous pourrions assister à une augmentation des prix.

L’énergie

Les coûts de l’énergie dans le monde ont récemment atteint des niveaux record. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a renforcé la pression à la hausse sur les prix exercée depuis des décennies par les quelques grands acteurs qui contrôlaient le secteur des combustibles fossiles. Cette situation a eu des répercussions sur le coût des denrées alimentaires et du transport.

Par exemple, le gaz naturel est un intrant clé pour la production d’engrais azotés. L’augmentation du prix du gaz naturel entraîne celle du prix des engrais, qui constituent un intrant essentiel de la production agricole au Canada et dans le monde.

Si certains facteurs de la flambée actuelle des prix peuvent être de courte durée, d’autres pourraient ne pas l’être. La transition en cours des combustibles fossiles vers les sources renouvelables pourrait déstabiliser davantage les prix et l’offre.

L’énergie étant un facteur important dans les coûts des aliments et du transport, de futures perturbations du marché de l’énergie pourraient faire grimper les coûts et limiter l’accès à toute une série de produits de première nécessité, y compris la nourriture et les services publics.

Le logement

La demande de logements continue de dépasser l’offre dans les villes canadiennes. La croissance démographique, les schémas de migration à l’intérieur du Canada, les pénuries de travailleurs qualifiés dans le secteur de la construction et les changements dans la composition des ménages sont autant de facteurs contributifs.

L’accession à la propriété est hors de portée pour beaucoup, car le logement moyen coûte aujourd’hui plus de sept fois le revenu annuel moyen d’un ménage. L’augmentation des taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation rend l’accession à la propriété encore plus hors de portée pour un plus grand nombre de personnes. Le coût de la location augmente rapidement : Au Canada, les loyers ont augmenté en moyenne de 10,9 % en 2022. La construction de nouveaux logements n’est pas forcément une solution à l’abordabilité : Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), 3,5 millions de logements supplémentaires devraient être construits d’ici 2030 pour que les coûts de logement soient abordables.

Le Bureau d’assurance du Canada fait pression pour la création de « cotes de risque lié aux changements climatiques ». Non seulement l’assurance plus onéreuse pourrait augmenter le coût de l’accession à la propriété, mais les assureurs pourraient aussi refuser de plus en plus souvent d’assurer de nombreuses propriétés. Cela pourrait rendre impossible l’obtention d’une hypothèque sur des propriétés dans certaines régions, et plus difficile pour les communautés de reconstruire après des catastrophes.

L’accès au logement pourrait devenir encore plus difficile à l’avenir si les changements climatiques détruisent les maisons existantes et rendent les autres maisons impossibles à assurer et à financer.

Sécurité financière et emploi

La grande majorité des Canadiens ont subi une baisse de salaire en termes réels, les salaires ne parvenant pas à suivre le rythme de l’inflation. Même si le chômage n’a jamais été aussi bas, l’augmentation des coûts nuit à l’accès de nombreuses personnes aux besoins fondamentaux. Par exemple, le recours aux banques alimentaires atteint un niveau record, avec une augmentation de 35 % entre mars 2020 et mars 2022, en particulier chez les personnes âgées et les étudiants.

Les tendances persistantes à l’automatisation et à la mondialisation font qu’il est plus difficile de trouver des emplois avec des horaires ou des salaires prévisibles, ou d’anticiper le rendement du capital investi dans la requalification et la formation. Un nombre croissant de personnes au Canada sont confrontées à une rémunération faible ou incertaine en raison de l’augmentation des modalités de travail moins structurées et non traditionnelles, telles que le travail à la demande. Même avant la pandémie, 1 Canadien sur 10 prenait part à ce type de modalités de travail.

La baisse du pouvoir d’achat pourrait empêcher les Canadiens de satisfaire leurs besoins fondamentaux aujourd’hui et d’épargner pour leurs besoins futurs.

Les pressions exercées sur les produits de première nécessité tels que l’eau, la nourriture, l’énergie, le logement, la sécurité financière et l’emploi ne se produisent pas de manière isolée. Elles peuvent se produire simultanément, aggravant le sentiment d’insécurité tout au long de la vie.

Conclusion

À quoi pourrait ressembler un avenir dans lequel de nombreuses personnes au Canada ne pourraient pas satisfaire leurs besoins physiologiques et de sécurité fondamentaux? Les besoins individuels sont en fait les besoins de la société. Lorsqu’une masse critique de personnes n’est pas en mesure de satisfaire ses besoins fondamentaux, le tissu social peut se désagréger.

Les personnes pourraient choisir de se concentrer sur leur propre survie, ce qui risquerait de compromettre la démocratie et le contrat social. Si un plus grand nombre de personnes perdent confiance dans les décideurs, tels que les gouvernements et les banques centrales, pour rétablir la capacité générale à satisfaire les besoins fondamentaux, elles pourraient devenir plus vulnérables aux dirigeants et groupes extrémistes, populistes et contestataires. Les gens pourraient également rechercher des solutions collectives, telles que le syndicat de salariés et d’autres mouvements sociaux.

Cet avenir n’est pas garanti. Par exemple, des pénuries persistantes de main-d’œuvre pourraient entraîner une croissance des salaires, les progrès technologiques pourraient réduire les coûts de certains biens et services, et l’hypothèse selon laquelle les besoins fondamentaux de la plupart des gens sont généralement satisfaits pourrait bien continuer à s’appliquer. Cependant, cet avenir est plausible et les conséquences pourraient être désastreuses si de nombreuses personnes peinent à satisfaire leurs besoins fondamentaux. Ne pas tenir compte d’un tel scénario pourrait constituer un risque dans un certain nombre de domaines politiques.

Équipe de projet

Marcus Ballinger, gestionnaire, recherche en prospective
Jennifer Lee, analyste en prospective, recherche en prospective
Simon Robertson, directeur, recherche en prospective
Tieja Thomas, gestionnaire par intérim, recherche en prospective
Kristel Van der Elst, directrice générale

Communications

Maryam Alam, conseillère en communications
Laura Gauvreau, gestionnaire, communications
Alain Piquette, graphiste
Andrew Wright, rédacteur (externe)
Nadia Zwierzchowska, conseillère principale en communications

Nous tenons à remercier nos collègues Imran Arshad, Pascale Louis-Miron, Megan Pickup, et Elisha Ram pour leur soutien à ce projet.

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Policy Horizons | Horizons de politiques

Horizons de politiques Canada, également connu sous le nom de Horizons de politiques, est une organisation au sein de la fonction publique fédérale qui mène des activités de prospectives stratégiques sur des enjeux transectoriels qui informent les fonctionnaires sur les conséquences des politiques publiques possibles au cours des 10 à 15 prochaines années.

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