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Explorer l’évolution des connexions sociales

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AVERTISSEMENT
Horizons de politiques Canada (Horizons) est une organisation de prospective stratégique au sein du gouvernement du Canada qui a le mandat d’aider le gouvernement à développer des politiques et des programmes axés sur l’avenir, qui sont plus solides et plus résilients face aux changements perturbateurs à l’horizon. Le contenu de ce document ne représente pas nécessairement les idées du gouvernement du Canada, ou des départements et des organismes participants.

Contenu

Avant-propos

Les êtres humains sont des créatures fondamentalement sociales. Nos relations et nos liens sont cruciaux pour notre identité, notre santé et notre capacité à vivre et à travailler ensemble. Pourtant, l’existence et la résilience des liens sociaux sont si souvent considérées comme allant de soi. Les perturbations des types et des qualités de relations que nous entretenons pourraient affecter tous les aspects de notre vie quotidienne.

Pour de nombreuses personnes, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’importance de nos liens dans la vie — non seulement avec les humains, mais aussi avec les animaux domestiques, la terre, les ordinateurs et autres machines. De nouvelles circonstances et normes ont modifié les relations, ainsi que la façon dont nous nous connectons et avec qui. Elles ont changé la raison pour laquelle nous entretenons nos relations en premier lieu. Les impératifs de distanciation sociale et les ordres de rester à la maison nous ont donné l’occasion de réfléchir à l’importance du lien social dans nos vies, en démontrant directement les conséquences inattendues de leur perturbation.

Guidée par le mandat de l’organisation, l’équipe de prospective sociale d’Horizons de politiques Canada (Horizons politiques) a identifié les sources de changement qui pourraient affecter fondamentalement nos capacités, nos opportunités et nos motivations à nous connecter les uns aux autres. Il s’appuie sur le travail de notre premier rapport de prospective sociale, Explorer les avenirs sociaux. Nous espérons susciter la réflexion et la conversation sur l’avenir de la connexion sociale et son impact non seulement sur les personnes, mais aussi sur les gouvernements, les entreprises et la société dans son ensemble. Notre objectif est de contribuer à l’élaboration de politiques et de programmes solides face aux changements à venir. Nous vous invitons à nous contacter et à vous engager avec nous.

Au nom d’Horizons de politiques Canada, je tiens à remercier ceux qui ont généreusement partagé leur temps, leurs connaissances et leurs réflexions avec nous.

Nous espérons que vous trouverez ce travail instructif.

Kristel Van der Elst
Directrice générale
Horizons de politiques Canada

Résumé

“Quels changements pourraient façonner nos capacités, nos opportunités et notre motivation en matière de lien social à l’avenir?”

L’étude de cette question est cruciale à un moment où la société canadienne (comme les sociétés du monde entier) est confrontée à deux problèmes majeurs : un sentiment de solitude généralisé et un déclin du sentiment de confiance envers les autres et les institutions. Ces problèmes suggèrent que les enjeux de cette recherche sont élevés. La compréhension de la nature changeante du lien social pourrait être la clé du bien-être à long terme d’une population vieillissante et de la sauvegarde de la santé et de l’intégrité des institutions démocratiques qui forment l’épine dorsale de notre société.

Nos recherches mettent en évidence quatre domaines clés de changement capables de modifier fondamentalement nos liens sociaux dans l’ensemble de la société et ce que cela pourrait signifier pour les politiques publiques de demain.

Intelligence émotionnelle artificielle

On apprend aux systèmes d’intelligence artificielle (IA) à détecter, reconnaître et interpréter les émotions humaines et les modèles de communication. Grâce à ces capacités, l’IA pourrait modifier la nature du lien social en augmentant la communication entre les humains et modifier la signification culturelle des émotions et de l’expression.

Connexion réelle dans les mondes virtuels

Un nombre croissant de personnes établissent et entretiennent des relations dans des mondes et des espaces virtuels tels que les jeux vidéo multijoueurs, la réalité virtuelle et augmentée et les plateformes de vidéoconférence. Les frontières entre les vies sociales virtuelles et physiques pourraient s’estomper encore davantage, donnant lieu à de nouvelles réalités, cultures et expériences sociales qui modifient de manière significative la nature de nos relations.

Surveillance sociale

Les technologies qui surveillent et écoutent sont omniprésentes, et l’idée que nous pourrions être sous surveillance constante est de plus en plus répandue. Nous utilisons souvent ces outils pour faciliter, organiser et optimiser notre vie sociale. À mesure que les entreprises technologiques continuent d’optimiser leurs produits, la surveillance devient de plus en plus présente dans la vie quotidienne. L’attention constante d’une multitude de systèmes qui surveillent et analysent notre comportement pourrait avoir une incidence sur les personnes avec lesquelles nous passons du temps, sur celles en qui nous avons confiance, sur ce que nous disons, sur la façon dont nous naviguons dans les espaces publics et privés, sur la façon dont nous nous percevons, etc.

Travail à distance

Pour de nombreuses personnes, les relations et les liens qu’elles nouent et entretiennent au travail constituent une part importante de la vie sociale. En particulier depuis la pandémie de COVID-19, la nature du travail est en train de changer, et avec elle le type et la qualité des relations que les gens nouent en milieu professionnel. Le travail à distance peut rester la norme pour certains, ce qui modifierait radicalement le mode de vie des travailleurs ainsi que la forme et la fonction des relations qu’ils établissent, tant localement qu’à distance.

Explorer l’évolution du lien social

Comment vos relations ou vos liens avec les autres ont-ils changé au cours des 15 dernières années, et à quoi pourraient-ils ressembler à l’avenir? L’évolution de la façon dont nous entretenons nos relations et des raisons pour lesquelles nous le faisons pourrait avoir une incidence sur notre santé, notre travail, notre communauté, notre identité et bien d’autres choses encore, pour les générations à venir.

Horizons de politiques a exploré les changements dans la façon dont nous nous connectons les uns aux autres, à nous-mêmes et au monde qui nous entoure. Nous observons des changements importants qui pourraient modifier la vie quotidienne des Canadiens et perturber le travail des décideurs. Ce rapport illustre certains des domaines de changement les plus puissants en matière de connexion sociale, et explore ce que cela pourrait signifier pour les Canadiens à l’avenir. Qu’est-ce que la connexion sociale, et pourquoi est-il si important de l’explorer dès maintenant?

Qu’est-ce que le lien social?

Qu’entendons-nous par lien social? Les liens interpersonnels qui se tissent entre les personnes. Cela dit, l’accent mis sur les liens entre les humains n’exclut pas les liens avec soi-même, avec la Terre et l’environnement, avec les animaux de compagnie, ou même avec les assistants d’IA. Il s’agit également de domaines de changement importants, qui contribuent à donner une image plus large de ce que sont les liens sociaux pour les Canadiens.

Nous entretenons de nombreuses relations différentes avec les diverses personnes de notre vie. Comment faire référence à ces différents liens? Comment pouvons-nous organiser les éléments de notre vie sociale pour voir plus clairement ce qui change? Nous nous sommes inspirés des recherches sur le capital social et d’autres disciplines pour caractériser les liens susceptibles de changer à l’avenir.

Nous avons des liens sociaux qui:

  • Lient les personnes du même groupe social
  • Jettent un pont entre des personnes appartenant à des groupes différents
  • Lient les personnes dans les hiérarchies sociales et les structures de pouvoir

Du point de vue du capital social, ces liens peuvent apporter des avantages tels que le confort, le soutien, les idées ou le pouvoir. Ainsi, une personne bien connectée est bien soutenue. Du point de vue de la santé, ces relations peuvent contribuer à un sentiment subjectif d’appartenance, une mesure hautement personnelle qui contribue à tant d’aspects d’une vie heureuse. Nous pouvons également considérer les liens forts et faibles avec les autres. Les liens forts sont ceux que nous partageons avec ceux qui nous connaissent bien, comme la famille et les amis proches. Les liens faibles peuvent être ceux que nous entretenons avec un client régulier d’un magasin, un voisin ou un compagnon de route. Ces liens se conjuguent pour affecter le sentiment de confiance et d’appartenance d’une personne.

Comment les moteurs du changement peuvent-ils affecter toutes ces relations?
Cela nous amène à la question centrale de notre travail :

quels changements pourraient façonner nos capacités, nos opportunités et notre motivation en matière de lien social à l’avenir?

Pourquoi est-il important d’examiner le lien social?

La société canadienne (parmi d’autres) est confrontée à deux problèmes majeurs fortement liés au lien social : un sentiment de solitude généralisé et un déclin du sentiment de confiance envers les autres et les institutions. Ces problèmes existent depuis un certain temps, mais ont été exacerbés par la pandémie de COVID-19, où la distanciation sociale était un acte nécessaire mais contraignant de bien public.

La solitude, un sentiment subjectif d’isolement malvenu, est devenue une question clé pour les gouvernements ces dernières années. Comme il s’agit d’un phénomène subjectif, une personne peut avoir de nombreux contacts sociaux mais se sentir seule. L’isolement social est un concept connexe mais distinct qui peut être mesuré objectivement en fonction du nombre de contacts sociaux que nous avons. La solitude et l’isolement social sont des mesures différentes mais étroitement liées. Les chercheurs les considèrent comme des problèmes sociaux urgents, et certains ont comparé leur impact à celui d’une épidémie. Ils affectent la santé et la mortalité, et érodent le capital social qui permet à la société de fonctionner de manière productive.

Le déclin mondial constaté de la confiance interpersonnelle et institutionnelle est une autre préoccupation à l’origine de ce travail. La confiance permet à la société de s’épanouir à bien des égards et est essentielle pour renforcer la résilience aux niveaux individuel, familial, communautaire et national. Elle est étroitement liée aux taux de participation communautaire, dans une boucle de rétroaction qui peut être positive ou négative. Pourtant, les recherches suggèrent que le lien social fait partie intégrante de l’instauration de la confiance nécessaire pour participer pleinement à la société.

Nous nous intéressons aux changements dans les liens sociaux parce que l’impact potentiel est élevé. La solitude et le déclin des sentiments de confiance sont des problèmes répandus qui, pour beaucoup, mènent à la déconnexion sociale, ce qui peut affaiblir le tissu de la société canadienne. Alors que l’incertitude assombrit de plus en plus notre vision de l’avenir, un fort sentiment de lien social devient essentiel à la résilience de la société. Ce qui suit est un résumé des domaines de changement les plus convaincants que nous avons identifiés dans le domaine du lien social, et quelques réflexions sur la façon dont ils pourraient mener à l’avenir.

Moteurs du changement

Intelligence émotionnelle artificielle

Nous apprenons aux systèmes d’IA à détecter, reconnaître et interpréter les émotions humaines et les modèles de communication. Ces capacités pourraient permettre à l’IA de modifier la nature du lien social en augmentant la communication entre les humains et de modifier la signification culturelle des émotions et de l’expression.

Qu’est-ce qui change?

  • La lecture des émotions est partout. L’IA qui prétend détecter les émotions devient de plus en plus accessible. Un certain nombre de services en ligne proposent déjà une reconnaissance des émotions par l’IA que les utilisateurs peuvent tester librement. Les moyens de reconnaître les émotions vont même au-delà de la lecture des expressions faciales : ils utilisent les données relatives au rythme cardiaque intégrées dans les vêtements, l’oculométrie et certaines technologies à distance. Malgré d’importantes critiques sur ses lacunes techniques, éthiques et philosophiques, la détection des émotions par l’IA pourrait profiter d’une vague d’enthousiasme populaire et commercial pour devenir plus omniprésente.
  • Des modèles de communication décodés. Un corpus croissant de connaissances sur les émotions humaines a conduit l’IA à mieux comprendre comment les humains communiquent entre eux. Aujourd’hui, un certain nombre de systèmes s’appuient déjà sur l’IA pour servir de médiateur dans la communication interhumaine. Grammarly, un logiciel populaire d’aide à la rédaction, comprend une fonction qui évalue le ton émotionnel d’un texte et donne des conseils pour le modifier. La plateforme CoParenter facilite un dialogue civil et productif entre des co-parents qui pourraient être enclins à se disputer, en suggérant une autre formulation lorsqu’un message est jugé trop laconique. Des chercheurs utilisent la détection des émotions par l’IA pour optimiser la communication compatissante lorsque des médecins doivent annoncer de mauvaises nouvelles à leurs patients, et certaines écoles l’utilisent pour améliorer la qualité des discussions en classe.
  • Nouvelles applications de la reconnaissance des émotions. Les entreprises, les services et les arts explorent également un large éventail d’utilisations de la reconnaissance des émotions. En 2020, Spotify a obtenu un brevet pour une technologie qui recommande de la musique en fonction des schémas de parole de l’auditeur. Amazon a obtenu un brevet qui permettrait à Alexa, son assistant AI, de fournir des réponses personnalisées en fonction de l’humeur perçue de l’utilisateur. En Espagne, un spectacle comique en direct utilise l’inanalyse faciale pour faire payer les membres du public uniquement pour le nombre de fois qu’ils rient. Le constructeur automobile Hyundai a mis à l’essai une technologie de reconnaissance des émotions qui ajuste le climat de la voiture en fonction de l’humeur des passagers. Et certains créateurs de jeux vidéo explorent l’idée que les futurs jeux vidéo s’adaptent et réagissent aux émotions des joueurs.
  • Détection de la personnalité. Dans certains cas, les modèles d’IA vont au-delà de la détection momentanée des émotions et prétendent repérer les traits de personnalité à partir des données relatives à la voix et aux expressions. L’IA HireVue est une technologie actuelle qui évalue l’« employabilité » d’un candidat sur la base de réponses enregistrées à des questions d’entretien. La reconnaissance des traits de personnalité et des capacités de connexion humaine est un moteur pour les entreprises, et la capacité d’identifier des traits comme l’empathie ou le narcissisme pourrait être utile.

Qu’est-ce qui pourrait arriver?

  • Médiation et facilitation des relations humaines. La reconnaissance des émotions et une meilleure compréhension de la communication humaine pourraient permettre à l’IA de jouer un rôle d’intermédiaire dans les relations humaines. Elle pourrait fonctionner comme un cerveau social supplémentaire, en détectant les indices sociaux, tels que les micro-expressions, qu’un être humain pourrait autrement manquer, et donner des conseils pour une communication plus efficace. Il pourrait donner des conseils tels que : « Demandez-leur ce qu’ils en pensent », « Vous avez peut-être parlé trop longtemps » ou « Votre tension artérielle augmente, puis-je vous suggérer de trouver un moyen de mettre fin à la conversation? ». Cela pourrait réduire les malentendus et les erreurs de communication, et profiter aux populations neurodiverses qui pourraient accueillir un outil supplémentaire pour traiter les signaux sociaux. Cela pourrait également améliorer la collaboration dans un contexte professionnel.
  • Risque d’atrophie des compétences sociales. En externalisant la reconnaissance des émotions et des signaux sociaux chez nous et chez les autres, les compétences sociales pourraient décliner dans toute la société. Certaines personnes pourraient devenir dépendantes des technologies de médiation sociale, au point de devenir incapables d’établir ou de maintenir des liens sans béquille technologique. Il pourrait en être de même pour la conscience que nous avons de nos propres états émotionnels, ce qui rendrait les utilisateurs vulnérables à un déclin de leur santé mentale si la technologie devenait indisponible. Les générations qui grandissent en utilisant ces outils pourraient ne pas développer du tout certaines compétences sociales.
  • Incitations à l’utilisation d’outils modifiant l’humeur. Sachant que d’autres personnes et systèmes pourraient nous répondre en fonction de notre humeur, certains pourraient chercher à mieux contrôler les émotions qu’ils affichent. Des tactiques connues pourraient apparaître pour masquer ou simuler des émotions afin de manipuler l’IA. Par exemple, un sourire excessif lors d’un entretien d’embauche peut être déstabilisant pour un humain, mais pourrait convaincre une IA que le sujet est très agréable. En outre, les gens pourraient se tourner vers la méditation, les drogues ou les moyens technologiques pour « pirater » leurs émotions afin d’obtenir les réponses souhaitées. Si ces pratiques se généralisaient, la confiance dans l’authenticité et la signification des émotions pourrait diminuer.
  • Les possibilités de créer des liens de rapprochement culturel et le risque d’aliénation. La signification et l’importance des gestes, du ton et des mots varient selon les cultures humaines. Un geste tel qu’un hochement de tête, par exemple, n’a pas la même signification pour tout le monde, et certains tons de voix peuvent être considérés comme calmes par certains, et colériques par d’autres. Une plateforme de communication IA qui connaît bien les cultures et qui est nuancée pourrait aider certains groupes à surmonter leur appréhension à l’égard des membres de groupes extérieurs. Elle pourrait également offrir de nouvelles possibilités et capacités d’interaction entre les groupes sociaux. Par contre, les groupes dont les cultures de communication ne sont pas reconnues dans un tel système pourraient se sentir aliénés et être davantage marginalisés en raison de ce manque de reconnaissance.
  • Des chiffres précis sur des compétences interpersonnelles. Si l’économie du futur valorise certains traits de personnalité et talents, l’IA pourrait quantifier et valider ces qualités chez les gens. En utilisant l’IA, les entreprises pourraient prétendre reconnaître des traits de caractère comme l’empathie, l’organisation et la capacité à travailler avec les autres. Ces certifications de personnalité pourraient être utilisées comme critères de connexion avec les autres. Certains pourraient porter avec fierté leurs certifications favorables ou chercher à occulter celles qui les font mal paraître.

Connexion réelle dans les mondes virtuels

Un nombre croissant de personnes nouent et entretiennent des relations dans des mondes et des espaces virtuels, tels que les jeux vidéo multijoueurs, la réalité virtuelle et augmentée, et les plateformes de vidéoconférence. Ces technologies évoluent rapidement, portées par l’enthousiasme que suscite leur potentiel à relier les gens de manière inédite. À l’avenir, les frontières entre les vies sociales virtuelles et physiques pourraient encore s’estomper, donnant naissance à de nouvelles réalités, cultures et expériences sociales qui modifieront de manière significative la nature de nos relations.

Qu’est-ce qui change?

  • Les jeux vidéo se développent. Les jeux vidéo n’étaient autrefois pratiqués que par un public restreint. Aujourd’hui, le nombre de personnes qui jouent et créent des jeux augmente rapidement, tout comme l’importance économique et culturelle de ce média. Les jeux sont considérés comme l’un des aspects les plus importants de la culture des jeunes. Les générations plus âgées jouent davantage, et les femmes et les jeunes filles représentent une proportion croissante des joueurs. Les développeurs et les joueurs viennent d’horizons ethniques et géographiques très divers et, pour beaucoup, les jeux sont l’occasion d’exprimer et de vivre de nouvelles perspectives.
  • Le métavers arrive. Les développeurs s’empressent de mettre en place la prochaine phase du jeu social : le métavers. Dans ce monde en ligne persistant et peuplé, les utilisateurs deviennent des avatars virtuels et existent ensemble dans un environnement virtuel entièrement réalisé. Les développeurs comparent cela à une promenade à l’intérieur de l’Internet lui-même. Cet espace en ligne transcende la portée d’un seul jeu, d’une seule activité ou d’une seule plateforme, et n’appartient à aucune entité. Méta, parmi d’autres entreprises, jette déjà les bases d’un avenir où le métavers est au coeur de la connexion sociale et de la vie en ligne. Cette vision du métavers imagine un espace virtuel connecté où les utilisateurs peuvent agir de manière créative pour forger et entretenir des relations avec les autres.
  • De nouvelles façons de vivre les connexions virtuelles. Les technologies émergentes permettent d’approfondir les expériences de connexion virtuelle. Ces technologies visent à reproduire certains aspects de la connexion en personne pour rendre les expériences sociales virtuelles plus significatives et authentiques. Par exemple, la réalité virtuelle (RV) sociale permet aux participants d’habiter des espaces virtuels tout en ressentant un sentiment plus aigu de présence physique. Les jeux de RV sociale sont de plus en plus populaires, et des festivals comme Burning Man ont intégré des éléments de RV dans leur planification et leur conception. La RV a même permis à des personnes âgées de revivre des souvenirs. Les développeurs de plateformes de visioconférence expérimentent également toute une série de fonctionnalités afin de capturer au mieux ce sentiment de « présence physique », et la demande pour de telles fonctionnalités est élevée.
  • Les rituels virtuels. Les rituels sont un moyen fondamental d’exprimer et de vivre le lien social, et ils se déroulent désormais de manière virtuelle. L’importance de la distance physique pendant la pandémie de COVID-19 a obligé à adapter des événements tels que les fêtes d’anniversaire, les mariages, les services religieux et les réunions de famille à des plateformes de vidéoconférence. Alors que les rassemblements en personne reprennent, les rituels futurs pourraient continuer à inclure une composante virtuelle. Des rituels sont également créés et recréés dans les univers de jeux vidéo. Les jardins de la mémoire construits dans Animal Crossing : New Horizons ont aidé les joueurs à exprimer et à surmonter leur chagrin. Les joueurs de Final Fantasy XIV peuvent célébrer une « cérémonie de lien éternel », un mariage entre deux personnages. Les joueurs de World of Warcraft se sont rassemblés dans un lieu public en guise de protestation.

Qu’est-ce qui pourrait arriver?

  • Une plus grande confusion entre les mondes physique et numérique. La popularité d’un métavers persistant pourrait faire paraître désuète l’idée d’une séparation entre vie numérique et vie physique. Les participants aux mondes virtuels pourraient considérer que leur vie sociale se déroule à travers plusieurs couches de connexions sociales qui se chevauchent. Ils pourraient s’attendre à ce que leurs identités et leurs réputations les suivent d’un monde à l’autre, ou souhaiter faire table rase entre les deux. Les conséquences de nos actions dans les mondes virtuels pourraient se répercuter dans le monde physique et vice-versa. Cela pourrait remettre en question les modèles actuels de lois sur la vie privée et la diffamation, ainsi que les hypothèses économiques du droit fiscal.
  • Des normes de connexion codifiées. Les lois et règles codifiées dans les mondes virtuels pourraient façonner les normes de connexion sociale à l’avenir. Les formes de connexion qui sont marginales ou stigmatisées aujourd’hui pourraient être plus largement acceptées si elles ont leur place dans les mondes sociaux virtuels. À l’inverse, si les créateurs ne parviennent pas à intégrer l’inclusion dans leurs mondes, les groupes marginalisés pourraient être encore plus discriminés lorsqu’ils se connectent virtuellement. Le pouvoir de définir et d’activer les nouvelles normes de connexion pourrait tomber entre les mains d’une poignée de personnes autosélectionnées. Les développeurs de plateformes et de mondes populaires pourraient hériter d’une responsabilité sociale encore plus grande qu’aujourd’hui en matière d’inclusion et d’établissement de normes.
  • Prolifération de réalités partagées. Les connexions et les réseaux sociaux peuvent inciter certaines personnes à privilégier une version de la réalité plutôt qu’une autre. Certains individus ou groupes peuvent trouver un plus grand épanouissement en concentrant leur vie sociale dans un seul monde. Certains pourraient même abandonner la possibilité d’une réalité partagée avec des non-participants, ce qui peut créer des obstacles à la compréhension et à la communication entre les groupes. Ces différents mondes peuvent être associés à différents ensembles de valeurs. Certains de ces ensembles de valeurs pourraient s’étendre au monde physique — ou à d’autres mondes virtuels — si les frontières continuent de s’estomper.

Surveillance sociale

Les technologies qui surveillent et écoutent sont partout, et l’idée que nous pourrions être sous surveillance constante est de plus en plus répandue. Nous utilisons souvent ces outils pour faciliter, organiser et optimiser notre vie sociale. À mesure que les entreprises technologiques continuent d’optimiser leurs produits, la surveillance devient de plus en plus présente dans la vie quotidienne. L’attente constante d’une multitude de systèmes qui surveillent et analysent notre comportement pourrait avoir une incidence sur les personnes avec lesquelles nous passons du temps, sur celles en qui nous avons confiance, sur ce que nous disons, sur la façon dont nous naviguons dans les espaces publics et privés, sur la façon dont nous nous percevons, etc.

Qu’est-ce qui change?

  • La surveillance en public et en privé. Les systèmes de surveillance font partie intégrante de notre vie quotidienne, mais ils passent souvent inaperçus. Les systèmes qui suivent notre localisation, nos préférences et nos comportements sont omniprésents dans les environnements publics et privés où nous nous connectons. Les systèmes de surveillance sont présents dans les centres commerciaux et les magasins, les véhicules, les écoles, les rues des villes, les dortoirs et les appareils mêmes que nous utilisons pour nous connecter. Le nombre de ces systèmes pourrait augmenter à mesure que les connaissances et les profils des clients se confondent avec les intérêts commerciaux. La sophistication croissante des algorithmes qui sous-tendent les outils de surveillance permet d’identifier et de spéculer sur les individus avec plus de précision.
  • Démocratisation et ludification de la surveillance. Les méthodes de surveillance sont de plus en plus accessibles à tous pour un usage quotidien. Que ce soit pour des raisons de sécurité, de commodité ou autres, la surveillance est désormais un phénomène courant. La surveillance est devenue un élément normal de la vie sociale et communautaire, en particulier lorsqu’il s’agit de se suivre soi-même et de suivre ses proches. Les sonnettes à caméra et autres dispositifs sophistiqués de sécurité domestique permettent de surveiller en permanence les espaces communs tels que les trottoirs et les parcs. Les dispositifs de suivi des plaques d’immatriculation qui notent l’activité des résidents, des invités et des étrangers surveillent également de plus en plus les rues des quartiers. À l’avenir, la frontière entre les plateformes sociales et les services de surveillance pourrait s’effacer encore davantage, faisant de la surveillance une activité explicitement sociale et capitalisant sur sa capacité de spectacle public.
  • La surveillance au travail. Les employeurs surveillent les travailleurs avec plus d’attention, sous l’impulsion des progrès technologiques et du passage au travail à distance. Avant la pandémie de COVID-19, cela se produisait aussi bien sur les lieux de travail des cols blancs que sur ceux des cols bleus. L’augmentation du travail à distance a amené les outils de surveillance dans les bureaux à domicile également, recueillant des données telles que l’activité du poste de travail, la productivité, la localisation, les données biométriques et même l’humeur. Lorsque les travailleurs ont moins d’influence, ils peuvent être soumis à une surveillance invasive avec peu de recours. Associées à des outils de gestion fondés sur l’IA, ces technologies pourraient modifier considérablement la façon dont les employeurs perçoivent et évaluent leurs employés.
  • Systèmes d’évaluation et de réputation. Les systèmes d’évaluation et de réputation deviennent un moyen populaire de connaître les qualités et les défauts d’une personne. Dans le monde occidental, ces systèmes sont généralement utilisés pour évaluer la compétence professionnelle d’un individu ou pour prendre des décisions concernant une communauté. L’utilisation de ces systèmes en Chine montre comment un système d’évaluation plus étendu peut définir l’identité sociale et les perspectives de vie d’un individu. Malgré la commodité que peut offrir un score unique de fiabilité, nombre de ces systèmes peuvent être défectueux, non réglementés et facilement manipulés.

Qu’est-ce qui change?

  • Les performances sociales. Si les réputations et les évaluations centrées sur les données deviennent une partie intégrante de la vie sociale, les gens pourraient faire des choix calculés concernant les personnes avec lesquelles ils se connectent, ce qu’ils expriment, comment ils se présentent et où ils le font. Dans certains contextes, les gens pourraient agir stratégiquement en fonction des valeurs pour lesquelles ils veulent être connus. Cela pourrait inspirer la méfiance dans les relations, certains remettant en question l’authenticité de leurs relations et le comportement de ceux avec qui ils se connectent. Les gens peuvent soigner leur réputation sociale pour refléter leur désirabilité ou leur réussite.
  • Dégradation du contexte. Nous portons tous en nous des identités multiples. Les traits de caractère que nous affichons et la façon dont nous nous présentons peuvent être différents selon que nous sommes en famille, avec des collègues, des amis, une congrégation ou une équipe sportive. Certains comportements et marqueurs d’identité fondamentaux sont constants dans tous les contextes, mais beaucoup changent — non pas comme une indication de tromperie, mais plutôt comme une tendance humaine naturelle. Cela peut également être un moyen pour certains membres de communautés marginalisées, activistes et autres groupes vulnérables de se protéger. L’intégrité contextuelle nous aide à croire que la personne que nous présentons dans un environnement ne sera pas mal interprétée ou retenue contre nous dans un autre. Elle est essentielle pour créer un sentiment de confiance et nous permet d’habiter nos multiples identités en toute sécurité.

    Cette notion même pourrait être menacée si la surveillance sociale devient encore plus omniprésente à l’avenir. Si davantage d’informations circulent entre les contextes en raison d’un partage d’informations sans contrainte, cela pourrait entraîner une perte générale de confiance, d’ouverture et de volonté de se connecter aux autres. Les gens pourraient perdre la liberté de définir leur identité dans chaque contexte spécifique, celle-ci étant plutôt considérée comme une combinaison de toutes leurs paroles, relations, actions et expériences antérieures.
  • Le capital social quantifié. Le capital social désigne tous les avantages qui découlent de l’affiliation et de la connaissance de personnes. Avec une surveillance plus omniprésente et des plateformes qui définissent les réputations sociales, certains aspects du capital social pourraient être quantifiés, rendus publics et tangibles. Cela pourrait inclure des traits personnels tels que la fiabilité et la générosité envers les étrangers. La valeur sociale de certaines qualités personnelles pourrait changer en conséquence, les gens cherchant à obtenir une compensation pour des vertus qui sont traditionnellement sous-récompensées, ou étant punis pour des bizarreries ou des défauts non pertinents. La nature subjective de certains traits personnels, comme l’intégrité, pourrait alimenter les désaccords entre les utilisateurs ou entraîner une confusion d’identité.
  • Nouvelles notions de privé et de public. La surveillance omniprésente pourrait modifier les hypothèses et les conceptions courantes concernant les informations privées et publiques. Tout comme l’histoire a émoussé ou effacé certains tabous sociaux tels que le divorce, les normes sociales futures pourraient dépendre des informations accessibles au public. L’adhésion à un système qui permet à un utilisateur d’en savoir plus sur la réputation d’une connaissance, par exemple, peut exiger de cet utilisateur qu’il divulgue l’histoire de sa relation. Cela pourrait modifier les informations que nous considérons comme socialement acceptables de divulguer et de discuter, et modifier complètement les notions culturelles de la vie privée.

Le travail à distance

Pour de nombreuses personnes, les relations et les liens qu’elles nouent et entretiennent au travail constituent une part importante de la vie sociale. En particulier depuis la pandémie de COVID-19, la nature du travail est en train de changer, et avec elle le type et la qualité des relations que les gens nouent au travail. Le travail à distance peut rester la norme pour certains, ce qui modifie radicalement le mode de vie des travailleurs ainsi que la forme et la fonction des relations qu’ils établissent, tant localement qu’à distance.

Qu’est-ce qui change?

  • Une montée en puissance du travail à distance. Pour certains travailleurs, la pandémie de COVID-19 a entraîné un passage rapide et massif au travail en dehors des espaces de travail traditionnels, le plus souvent à domicile. Malgré la lente réouverture des espaces de travail traditionnels, le travail à distance peut subsister pour certains des emplois touchés. Cette évolution a donné lieu à des innovations technologiques pour les travailleurs. Certains espaces de travail ont déjà migré vers des univers de jeux vidéo, et d’autres utilisent des technologies de réalité mixte. Les plateformes de vidéoconférence expérimentent continuellement des fonctions qui imitent certains aspects des réunions en personne, ce qui suggère que les lieux de travail pourraient migrer vers des plateformes qui facilitent la connexion humaine de manière unique.
  • Les limites entre le travail et le reste de la vie sont floues. Le passage au travail à distance a rendu plus difficile la séparation entre le travail et le reste de la vie. Dans certains cas, cela s’est fait au détriment du temps et de l’énergie consacrés aux liens personnels étroits, comme la famille. Les employés déclarent travailler plus longtemps depuis leur domicile qu’ils ne l’auraient fait dans un environnement de travail traditionnel. La disparition du trajet quotidien peut également affecter le processus de transition mentale entre le travail, les tâches domestiques et parentales et les loisirs, brouillant les lignes spatiales et temporelles qui séparaient autrefois clairement les rôles professionnels et personnels. La facilité du travail à distance a même suscité des tentatives de fusionner travail et vacances à l’étranger. Enfin, les employeurs peuvent également surveiller de plus près leurs employés grâce aux technologies de surveillance du lieu de travail, désormais présentes dans les foyers. Ce mélange de vie professionnelle et de loisirs pourrait perturber la qualité et la quantité de temps consacré au maintien de liens sociaux étroits.
  • Les relations au bureau ne sont plus les mêmes. Les liens avec les collègues ont changé dans le cadre du travail à distance. Les amitiés de bureau, qui stimulent la productivité et le bonheur général, peuvent ne pas s’épanouir aussi facilement avec des contacts purement à distance. Les relations qui se nouent généralement sur un lieu de travail en personne ont souvent des effets durables tout au long de la vie ; par exemple, une enquête indique qu’un tiers des employés canadiens entretiennent ou ont entretenu une relation amoureuse avec un collègue. Au-delà des implications pour la vie personnelle, la nature du travail peut également être affectée. Les moments informels entre collègues sont en grande partie planifiés et intentionnels, ce qui peut diminuer le sentiment de spontanéité dans le contexte du travail. Et comme le monde revient lentement aux environnements de bureau, les modalités de travail hybrides pourraient créer de nouveaux écarts sociaux au sein des organisations.
  • La demande d’un changement de culture. Alors que les normes du travail à distance sont encore en cours d’établissement, les employés et les employeurs trouvent des moyens de consolider une culture de travail plus saine et plus sûre, en particulier pour les femmes et les autres groupes vulnérables. Bien que les possibilités de harcèlement en personne sur le lieu de travail aient diminué, le travail à distance a créé de nouvelles circonstances dans lesquelles le harcèlement peut se produire, d’où la nécessité de s’attaquer au harcèlement sur le lieu de travail de manière plus urgente. Si les technologies de travail à distance peuvent contribuer à la déconnexion personnelle, les organisations cherchent aussi de plus en plus à cultiver une culture où les compétences humaines telles que la confiance, l’empathie et la communication sont davantage valorisées. Dans ces deux cas, les technologies de connexion à distance telles que la réalité virtuelle et augmentée montrent des signes encourageants quant à leur capacité à favoriser l’amélioration. Enfin, le travail à distance a suscité des discussions encore plus larges sur la structure et la philosophie du travail, ce qui laisse penser que le changement est peut-être proche pour les travailleurs canadiens.

Qu’est-ce qui change?

  • Inégalités accrues entre les types de travail. Si le travail à distance est devenu une option pour un plus grand nombre de travailleurs qu’auparavant, la plupart des emplois exigent toujours une présence physique. Cet écart pourrait aggraver les nombreuses inégalités entre les types de travail, notamment celles qui favorisent les travailleurs à hauts revenus. La pandémie a créé un nouvel élément de risque pour le travail en personne. En même temps, les travailleurs à distance pourraient potentiellement bénéficier d’améliorations du bureau à domicile subventionnées par l’employeur, et d’une réduction des coûts associés au travail à l’extérieur du domicile, comme les déplacements domicile-travail. Ces facteurs pourraient creuser davantage l’écart en matière de santé et de sécurité entre les travailleurs à distance et les travailleurs en personne. Si rien n’est fait pour compenser, cela pourrait conduire à de nouveaux clivages de classe entre ceux qui ont la possibilité de travailler à distance et ceux qui ne l’ont pas.
  • Soutien au lien social. Le passage généralisé au travail à distance a déjà perturbé certaines expériences sociales importantes liées au travail en personne. À mesure que le coût de ces expériences devient plus clair, les employeurs peuvent être amenés à soutenir les possibilités de connexion sociale. Par exemple, les jeunes travailleurs peuvent se priver de possibilités de mentorat ou de l’expérience précieuse qui accompagne l’immersion dans un environnement de travail collectif. Des complications apparaissent lorsque les générations de travailleurs ayant une expérience de bureau prennent leur retraite. Au fil du temps, la connaissance de la valeur des relations et des rituels sur le lieu de travail pourrait s’estomper, et de nouvelles approches des relations sur le lieu de travail, mieux adaptées à un environnement distant, pourraient prendre leur place.
  • La demande d’une réalité partagée entre collègues. Les travailleurs à distance pourraient se tourner vers les jeux, les métavers et la réalité virtuelle pour se rapprocher de leurs collègues de manière plus concrète. Les mondes de travail virtuels, plutôt que les bureaux physiques, pourraient devenir le nouvel espace commun dans lequel les employés collaborent et se rencontrent. Cela pourrait débloquer un nouveau potentiel pour le développement de la culture organisationnelle et la constitution d’équipes, en permettant aux travailleurs de se lier d’une nouvelle manière par des expériences virtuelles partagées, par exemple en construisant un bâtiment dans Minecraft. Ces expériences pourraient contribuer à compenser les expériences sociales manquées dans les bureaux traditionnels et autres lieux de travail physiques. Cette approche pourrait soulever des problèmes d’inclusivité si tout le monde ne peut pas accéder au lieu de travail virtuel, ou si les travailleurs ne sont pas en mesure de présenter leurs avatars virtuels d’une manière qui reflète leur identité.

Conclusion

La nature du lien social dans la société canadienne est en train de changer. Avec l’introduction de nouveaux outils d’intelligence émotionnelle artificielle, les programmes informatiques sont formés pour reconnaître, interpréter et répondre aux indicateurs humains d’émotion. Cette évolution ouvre la voie à de nouveaux facilitateurs technologiques de l’interaction humaine. Cela soulève également des questions éthiques concernant la surveillance émotionnelle et les interventions émotionnelles en temps réel sur le lieu de travail et dans d’autres sphères publiques, ainsi que l’érosion potentielle de l’authenticité émotionnelle dans la communication numérique ou médiée par l’IA. D’un autre côté, la technologie émotionnelle peut encourager l’authenticité sociale. Par exemple, ces technologies peuvent promouvoir des interactions plus compatissantes entre des étrangers sur Internet, ou même entre des médecins et leurs patients, en rendant les gens plus conscients de la façon dont leurs mots affectent les autres. Les gens se tournent vers les mondes riches des jeux vidéo et les métavers pour créer des liens sociaux réels, profonds et parfois durables. Les interactions riches qui se déplacent de manière transparente entre les environnements en ligne et en personne pourraient un jour faire en sorte que la séparation des vies numériques et physiques semble désuète.

Parallèlement, la surveillance sociale, y compris les nouvelles formes de surveillance du travail qui suivent l’humeur, la localisation et la productivité d’un employé, est de plus en plus intégrée aux systèmes d’évaluation et de réputation. Nous présentons généralement différentes facettes de nous-mêmes à nos familles, à nos amis, à nos partenaires romantiques ou à nos employeurs, mais les plateformes sociales interréseaux peuvent rendre de plus en plus difficile la personnalisation d’une image différente de nous-mêmes pour chaque contexte social, car nos familles peuvent voir les mêmes messages que nos employeurs. Les systèmes de surveillance font également resurgir les questions du contrôle social et de l’effacement des frontières entre vie privée et vie publique. Le passage au travail à distance accélère nombre de ces tendances, en normalisant les interactions professionnelles et personnelles à distance. Le travail à distance exacerbe les inégalités entre les différentes classes d’emploi, tout en modifiant le type et la qualité des relations que nous sommes susceptibles de nouer dans le cadre de notre travail.

Les conclusions de ce rapport suggèrent que nous tisserons des liens sociaux de manière de plus en plus numérique et à distance. La généralisation de nouveaux outils, de nouvelles plateformes et de nouvelles méthodes de travail pourrait changer à jamais la façon dont nous tissons des liens sociaux, les raisons pour lesquelles nous le faisons et les personnes avec lesquelles nous le faisons, avec des effets durables sur notre perception de nous-mêmes et du monde qui nous entoure.

Remerciements

Ce rapport synthétise les réflexions, les idées et analyses de nombreuses personnes, dont les contributions ont été recueillies lors de recherches, entretiens, conversations et ateliers.

L’équipe du projet tient à remercier les expert·es qui ont généreusement donné de leur temps et partagé leur expertise en appui à ses recherches : Lundy Lewis, Cosmin Munteanu, Jamie Laidlaw, Andy Fisher, Gillian Sandstrom, Jeffrey Hall, Deirdre Kelly, John Verdon, Heather Tulloch, Megan Brady, ainsi que ceux et celles qui souhaitent rester anonymes.

Équipe de projet

Katherine Antal, analyste principale en prospective
Kurt Richardson, analyste en prospective
Simon Robertson, gestionnaire, prospective sociale
Kristel Van der Elst, directrice générale

Équipe des communications

Maryam Alam, conceptrice Web
Laura Gauvreau, gestionnaire, communications
Géraldine Green, réviseure (version française)
Alain Piquette, graphiste
Nadia Zwierzchowska, réviseure (version anglaise)

Nous tenons à remercier nos collègues Imran Arshad, Marcus Ballinger, Fannie Bigras-Lafrance, Alexis Conrad, Jennifer Lee, Darren McKee, Julie-Anne Turner et Claire Woodside pour leur soutien à ce projet.

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Policy Horizons | Horizons de politiques

Horizons de politiques Canada, également connu sous le nom de Horizons de politiques, est une organisation au sein de la fonction publique fédérale qui mène des activités de prospectives stratégiques sur des enjeux transectoriels qui informent les fonctionnaires sur les conséquences des politiques publiques possibles au cours des 10 à 15 prochaines années.

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